Netflix : une plateforme comme les autres

Le service de contenus à la demande Netflix voit quelques nuages à l’horizon. Disney a annoncé qu’il se retire de la plateforme pour créer sa propre plateforme concurrente d’ici fin 2019. Pour Disney, il s’agit de maîtriser les canaux de diffusions et quoi de mieux qu’une plateforme à la demande pour proposer ses très nombreux contenus (séries, films, documentaires, émissions) ? Pour Disney, l’investissement sera énorme et son succès n’est pas garanti, mais la compagnie est un rouleau compresseur du contenu et il a le budget pour le faire. Pour Netflix, l’annonce n’est  pas une surprise ni une catastrophe, à condition de trouver le contenu qu’il faut.

Dans les plateformes à la demande, le contenu est vital, plus que le contenant même si une plateforme pratique et ergonomique est toujours un plus. 

Pour Netflix, il faut maintenant atteindre la vitesse de croisière dans la production de contenu pour alimenter constamment le service. L’investissement est lourd pour créer ses propres séries et films : 6 milliards dépensés pour la création sur un an ! La création est un enjeu stratégique, car les nouvelles séries et le contenu historique attirent les nouveaux utilisateurs et permettent de garder la base actuelle. Mais l’effet House of Cards, surtout en dehors des États-Unis, n’aura qu’un temps et ne pourra à elle seule soutenir la croissance. Des créations originales comme 13 reasons why peuvent prendre le relais, mais cela a un coût et prend du temps, beaucoup de temps.

Deux annonces récentes montrent que Netflix connaît ses faiblesses et son besoin de grandes annonces pour garder la main :

- une nouvelle version de Saint Seiya (Chevaliers du Zodiaque) : la série se composera de 12 épisodes, pour le moment

- rachat de l’éditeur de comics Millarworld 

Millarworld est le premier rachat de la plateforme et il apparaît hautement stratégique, car touchant le monde des comics. Marvel et DC drainent aujourd’hui un contenu important (séries, animations, films) et pèsent plusieurs milliards. Ce rachat permet à Netflix d’avoir des scénarios et des histoires fortes pour créer du contenu et trouver des scénaristes reconnus. Autre prise de choix pour la plateforme, la série des frères Cohen (the ballas of buster scruggs) arrivera courant 2018. Mais au-delà de ces grandes annonces, il faut alimenter les utilisateurs avec des séries « plus communes » internes ou externes. 

Prenez Amazon et sa série The man in the high castle, une série exceptionnelle par sa qualité de création, mais qui a connu beaucoup de problèmes de production durant la saison 2 finissant le tournage sans son showrunner, la personne qui mène, dirige et guide la création. Chez Netflix, le cas Sense8 montre bien que rien n’est simple. Mais quand un épisode coûte 9 millions à produire, le grand patron veut rentabiliser l’investissement… La plateforme annule la série puis revient sur sa décision après la mobilisation des fans. Netflix a promis un épisode spécial, voire, peut être une nouvelle saison. Mais c’est finalement la vie normale d’une série. 

Produire et diffuser en achetant les droits, Netflix fait comme toutes chaînes ou plateformes à la demande, mais avec des budgets à la hauteur des ambitions et +100 millions d’abonnés. Netflix n’est pas un nain du divertissement. Quand des Français veulent créer des concurrents à Netflix, nous disons pourquoi pas, mais il faut avoir les moyens de son ambition. Nous ne parlons de quelques millions €, mais de centaines de millions et d’une dimension mondiale et pas limitée à la France…

Soumis par ftonic le ven, 11/08/2017 - 08:43