Google/Verizon -- L’illusion de la neutralité avant l’explosion finale

Par:
francoistonic

mar, 17/08/2010 - 11:39

Un des feuilletons de l’été concerna la neutralité du web et des coups de canifs, supposés ou réels, de Google à son encontre. De quoi parle-t-on ? Il s’agit d’un principe fondamental d’Internet qui exclut toute discrimination vis à vis des données, de l’accès, des transports d’information entre la source et le destinataire. Bref, la neutralité du web prône un accès égal pour tous sans priorité d’un utilisateur, d’un pays par rapport aux autres. Ainsi, éditeurs, fournisseurs et opérateurs de télécoms ne doivent, ne peuvent proposer une gestion particulière, discriminatoire sur le trafic réseau, l’accès au réseau. Par exemple, en Europe, des pays veulent favoriser la neutralité : le citoyen égal devant Internet.

Les progrès techniques existant, un fournisseur de services, un opérateur pourrait parfaitement proposer une priorité spécifique à des clients comme favoriser la bande passante au détriment des autres clients « standards ». Le duo Google et Verizon a fait tanguer cette neutralité et les deux compères ont tenté de calmer les critiques et les peurs. Si, les deux fournisseurs veulent garantir l’accès (égal) aux sites web (légaux), ils ne voient pas le mal qu’il y aurait à ce que des fournisseurs de services sur le web puissent proposer, en partenariat avec un opérateur télécom, à des utilisateurs (payants) de favoriser l’accès à des services, applications, données en améliorant la bande passante, avec des débits plus élevés par ces clients particuliers… Bref, la fin pure et simple de toute neutralité. Cette approche a enflammé journalistes, analystes, etc. Mais est-ce réellement la première fois que l’on aurait une différentiation de services entre un service accessible et gratuit ou peu cher et le même service haut de gamme et plus cher ?

On peut imaginer sans la moindre difficulté ce que cela pourrait signifier notamment pour les marchés émergents comme le cloud computing qui nécessite de gros tuyaux pour éviter l’écroulement des services et des performances. Or aujourd’hui, la qualité de service reste aléatoire et seul l’opérateur peut alors aider le fournisseur de cloud à améliorer la situation. Si demain, on appliquait la démarche Google – Verizon, les éditeurs de cloud qui pourront négocier et obtenir des avantages de flux et de bande passante auront un avantage concurrentiel non négligeable, voire cruciale pour une grande entreprise. Et les géants de l’informatique, du cloud, ne laisseront certainement pas un éditeur comme Google s’engouffrer tout seul dans une vraie-fausse neutralité au risque de perdre des utilisateurs et donc des clients.

Verra-t-on fleurir dans les prochains mois des offres spéciales avec accès VIP au web ? Techniquement, on sait faire. Mais le sujet se révèle sensible mais l’est-il finalement réellement ? Car si l’accès au web peut être un droit fondamental pour l’égalité des Hommes (même si cela est rarement inscrit dans la loi ou la constitution), la neutralité du web est encore autre chose car l’égalité envers l’accès n’est pas synonyme d’accès égalitaire à la bande passante. Déjà en France, ce n’est pas le cas car il existe des zones à très haut débit et d’autres atteignant péniblement 512 ko/s…

François Tonic

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