Le véritable Cloud Computing reste encore à inventer !

Par :
Charles-Antoine Beyney

lun, 31/01/2011 - 13:36

Depuis 30 ans qu’elle s’est popularisée, l’industrie informatique a connu une mue extraordinaire. En effet, partant du principe que son existence reposait sur l’évo­lution technologique, ce secteur n’a cessé d’inventer, de concevoir des algorithmes toujours plus puissants et sur­tout de vouloir développer des solutions de « rupture ». Cette stratégie étant jugée absolument nécessaire pour pouvoir croître et prospérer. Malheureusement, le phéno­mène a pris une si grande ampleur et engendre de telles conséquences économiques que sous le terme vendeur « d’innovation technologique », on trouve tout et n’importe quoi et notamment des concepts marketing plus ou moins inspirés. Par Charles-Antoine Beyney, Président et co-fondateur de BSO Network Solutions

On pouvait penser que l’éclatement de la bulle Internet au début des années 2000 avait apporté au secteur une certaine sagesse en limitant les excès. Mais ce que nous vivons actuellement avec le Cloud Computing fait craindre que nous n’avons pas tiré toutes les leçons des erreurs du passé. Pourquoi s’en prendre à une « nouvelle techno­logie », en l’occurrence le « Cloud Computing » dont tout le monde (client, fournisseur de solution, prestataires de services...) souligne les avantages tant en termes écono­miques, techniques que productifs et même écologiques ? Et bien parce que contrairement, à ce que veulent faire croire certains, le Cloud Computing global n’existe pas et pire, il ne devrait pas fonctionner avant 5 ou 10 ans.

Ce que nous faisons actuellement, c’est de la virtualisa­tion plus ou moins complexe, mais qui ne peut en aucun cas être définit comme du Cloud Computing. Car faire du Cloud Computing, ce n’est pas seulement installer un logiciel de virtualisation pour gérer les serveurs de l’entre­prise, les solutions de stockage ou la messagerie.

Ce n’est pas non plus donner les clés de son système d’information à un prestataire de service ; charge à ce dernier de l’administrer via un nuage mutualisé. Non, le Cloud Computing, c’est bien plus que cela. C’est un ensemble qui sous-entend une virtualisation de toutes les ressources d’infrastructure informatique de l’entreprise (sécurité, réseau, base de données, logicielle, serveur…). En clair, l’intégration cohérente d’une architecture com­plexe qui va venir remplacer complètement une salle in­formatique cliente. C’est aussi changer la vision qu’une entreprise peut avoir de son système d’information perçu comme un outil de productivité et non comme une charge financière et humaine.

Or une telle offre n’existe pas encore sur le marché car les technologies nécessaires à sa mise en place ne sont pas totalement fonctionnelles et parfois même, ne sont pas même compatibles entre elles. Par ailleurs, ce genre d’intégration ne peut se faire sans un accompagnement au changement au sein même de l’entreprise.

Le succès du Cloud Computing n’est qu’une question de temps mais les clients doivent connaître la vraie nature de ce qu’on leur propose et ne pas s’engager vers des choix qu’ils pensent pérennes alors qu’ils ne sont que temporaires voire incompatibles avec l’existant. Le Cloud Computing est une très belle idée sur le papier mais si nous continuons à le survendre alors que les technolo­gies ne sont pas encore matures et que les entreprises ne sont pas totalement prêtes, nous risquons de voir revenir une bulle spéculative qui serait catastrophique pour une industrie dont on espère plutôt qu’elle sera l’un des moteurs de la reprise économique.

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Charles-Antoine Beyney