Hyperconnexion : 10% des salariés exposés à des risques de fatigue cognitive accrue

Par:
fredericmazue

ven, 27/01/2023 - 11:13

10% des collaborateurs sont exposés dans la durée à des risques de surcharge mentale et de fatigue, causés par une quantité excessive d’emails et de réunions. Pour la première fois, Lecko et CogX sont parvenus à quantifier ce phénomène en France. Ils ont analysé 2 années d'activités de 20 000 utilisateurs (incluant des employés de terrain, pas uniquement des personnes en bureau) de Microsoft 365 pour objectiver les rythmes de travail dans ce contexte post-covid.

Ces constatations ont été rapprochées des études en sciences cognitives pour évaluer les impacts sur les collaborateurs : baisse d'efficacité, perte de motivation, du goût du travail et des liens sociaux, jusqu'au burnout.

Les travaux ont d'abord permis de montrer l'existence d'une population avec une charge excessive de réunions et des interactions régulières en dehors des plages usuelles de travail. Ils ont permis ensuite de caractériser les causes :

  • Ce risque est avant tout structurel (inhérent à l’organisation du travail) causé par un volume excessif d’informations à traiter à travers des réunions et des échanges durant la journée.
  • Ces situations à risque peuvent également provenir de comportements plus isolés, voire d’organisation personnelle, sans être volontaire, qui relève de ladifficulté à délimiter sa journée de travail.

3 personnages ont été caractérisés et analysés :

  • L'hyperconnecté : il envoie au moins un mail en dehors des heures 8h-20h, 9 jours chaque mois d'une part et d'autre part participe à 15 réunions dans le trimestre en dehors des plages 8h-12h et 14h-18h. L'hyperconnecté va réaliser en moyenne 188 heures de réunions par trimestre et envoyer des mails sur une plage moyenne de 9,2 heures. Il représente 10% de la population du panel étudié.
  • L'intermédiaire interagit ponctuellement en dehors des heures usuelles de travail et affronte des pics d'activité. Il représente 75% du panel étudié.
  • Le Zen interagit uniquement durant les heures usuelles de travail. Il représente 15% du panel étudié.

En objectivant ces risques, Lecko et CogX espèrent pouvoir contribuer à faciliter leur prise en compte. Ces métriques pourront compléter le baromètre social des entreprises et nourrir l’évaluation de la QVT (Qualité de Vie au Travail). La première action serait de mener des campagnes de sensibilisation et d’en suivre l’impact avec ces indicateurs. Pour traiter sérieusement le problème, l'entreprise devra en revanche aller plus loin, et questionner ses pratiques de collaboration avec en particulier le rôle, le fonctionnement et l'usage des réunions.

Plusieurs raisons devraient motiver les entreprises à mieux prendre en compte les effets de l’hyperconnexion :

  • Le travail hybride a déstructuré les temps de travail autrement délimité par la présence au bureau. L'installation durable du travail à distance nécessite de trouver de nouveaux garde-fous pour remplir son obligation de protection de la santé de ses salariés.
  • L'hyperconnexion est aussi génératrice d'inefficacité. Elle se concentre souvent sur les cadres et reflète une limite au bon fonctionnement de l'entreprise.
  • Les Data permettent aujourd'hui de suivre facilement des indicateurs à l'échelle des entités pour piloter une politique QVT sans rentrer dans un suivi individualisé. Il est important d’accepter d’évaluer ces transformations à l’aune de la qualité de vie au travail.