Par David Delong, Regional Vice President, Solution Engineering Enterprise France, Snowflake

À mesure que l’IA s’impose au cœur des opérations, les silos métier et technologiques tombent, l’innovation naît désormais de leur collaboration directe. Les utilisateurs métiers exigent des résultats précis issus des données et s’impliquent davantage dans la technologie. De là émerge la figure du « développeur citoyen », profil hybride issu du business, doté de compétences techniques, capable de rapprocher expertise métier et innovation technologique.

Le rôle des développeurs est en train de changer en profondeur. Ils ne se limitent plus à travailler “dans les coulisses” sur le backend de la partie technique, mais participent désormais de plus en plus aux décisions stratégiques de l’entreprise. Cette évolution est visible partout : aujourd’hui, d’après une étude réalisée par Stack Overflow  62 % des développeurs influencent les choix d’achats technologiques et selon une étude récente de Developer Media, près d’un tiers choisissent eux-mêmes les outils qu’ils utilisent au quotidien.

Les développeurs ont un positionnement privilégié au sein d’une organisation. Ils disposent d’une vision unique pour résoudre des problèmes transverses et fournir des solutions scalables, gouvernées et alignées sur les objectifs stratégiques. Ils conçoivent des applications qui accélèrent l’innovation et créent de la valeur pour les clients. Mais leur rôle exige aussi une agilité permanente face à des défis et des technologies qui évoluent sans cesse, surtout à l’ère de l’IA. Dans ce contexte, les développeurs capables de conjuguer expertise technique et sens business deviennent des atouts incontournables. Les développeurs citoyens, en complément, soulagent leurs homologues traditionnels. Mais à mesure que cette communauté croît, les entreprises qui veulent collaborer avec elle doivent adapter leurs méthodes et leurs outils.

Une boîte à outils en pleine mutation : open source et IA

L'open source est un catalyseur majeur de cette évolution. Véritable socle d’innovation, il permet aux développeurs de tester, collaborer et itérer plus vite. Sa communauté active constitue un écosystème précieux d’apprentissage et de partage.

L’IA, de son côté, redéfinit déjà le quotidien des développeurs grâce aux assistants de codage et aux outils génératifs. Les développeurs ne disparaissent pas, mais ils produisent moins de code répétitif et plus de valeur. L’IA automatise les tâches chronophages et libère du temps pour l’expérimentation, augmentant la productivité globale.

Cependant, l’IA doit rester encadrée. Une gouvernance de bout en bout,  des données sources à l’utilisateur final, est indispensable pour éviter des dérives en matière de sécurité ou de conformité. Les bénéfices sont immenses, mais les risques le sont tout autant, l’implication des dirigeants est non négociable.

L’essor du développeur citoyen

Face à l’accélération du changement, les entreprises investissent dans une nouvelle génération de créateurs. Les développeurs citoyens combinent un état d’esprit « orienté solution » et des compétences techniques suffisantes pour exploiter les outils low-code et ceux boostés à l’IA. Cela transforme l’approche des entreprises face aux problèmes, les besoins spécifiques de chaque métier peuvent être traités plus rapidement et de manière autonome, libérant ainsi l’innovation à grande échelle.

L’essor de Python a également permis aux développeurs citoyens d’aborder des problématiques plus complexes. Langage accessible et doté d’un écosystème robuste, Python leur offre les moyens de créer sans devoir écrire de longs codes répétitifs. Les plateformes d’entreprise, en combinant IA et langages de programmation, rendent le développement plus intuitif grâce au text-to-SQL et à d’autres approches automatisées.

Mais cette démocratisation pose aussi des défis. Les équipes IT et les plateformes doivent garantir la qualité, la sécurité et la performance des créations citoyennes.

Pourquoi le DevRel doit s’adapter ?

Pour soutenir à la fois les développeurs professionnels et les citoyens, le DevRel (Developer Relations) doit se réinventer. Ce rôle, apparu dans la Silicon Valley avant de se diffuser plus largement, vise à créer du lien entre les entreprises technologiques et leurs communautés de développeurs. À l’origine, il s’agissait surtout de documenter, d’animer des forums ou de favoriser l’adoption d’outils open source. Mais ses contours se sont élargis avec la montée en puissance de l’IA et des approches low-code.

Aujourd’hui, la mission du DevRel ne consiste plus seulement à fournir du support technique ou à évangéliser autour d’une technologie, mais à bâtir de véritables communautés inclusives qui rassemblent développeurs experts et profils hybrides. Il doit s’adresser à des audiences variées, capables d’apprendre vite, d’expérimenter et de contribuer à l’innovation sans nécessairement avoir un parcours d’ingénieur classique.

Cette approche favorise des relations plus solides entre entreprises et développeurs, et aide ces derniers à plaider pour certains outils et innovations. Le retour des développeurs est essentiel pour identifier ce qui peut être amélioré et nourrir l’innovation à long terme. Les citoyens, à la fois utilisateurs et créateurs, offrent un retour d’expérience unique pour identifier des axes d’amélioration et nourrir l’innovation à long terme.

Les catalyseurs du futur

L’alliance entre open source, IA et démocratisation du développement dessine une nouvelle ère. Mais c’est surtout la collaboration entre développeurs traditionnels et citoyens qui fera la différence.

Les développeurs traditionnels font face à un environnement radicalement différent, et les développeurs citoyens sont là pour les compléter, non pour les concurrencer. Les premiers apportent leur expertise technique pointue, les seconds leur rapidité et leur compréhension métier. En conjuguant ces forces, les entreprises pourront réduire les arriérés IT, pallier les pénuries de talents et accélérer leur succès commercial.