Intelligence Artificielle : les recommandations du rapport de Cedric Villani pour la France

Par:
fredericmazue

jeu, 29/03/2018 - 13:00

Cédric Villani, député et mathématicien, lauréat de la médaille Fields (l'équivalent du Prix Nobel d'autres disciplines), avait été chargé par le Premier ministre de rédiger une somme de recommandations sur l’intelligence artificielle. Il a rendu son rapport hier soir.

Ce rapport, imposant document de 235 pages, est public, accessible depuis un site dédié.

Définir l’intelligence artificielle n’est pas chose facile. Depuis ses origines comme domaine de recherche spécifique, au milieu du XXe siècle, elle a toujours constitué une frontière, incessamment repoussée. L’intelligence artificielle désigne en effet moins un champ de recherches bien défini qu’un programme, fondé autour d’un objectif ambitieux : comprendre comment fonctionne la cognition humaine et la reproduire ; créer des processus cognitifs comparables à ceux de l’être humain.

Le champ est donc naturellement extrêmement vaste, tant en ce qui concerne les procédures techniques utilisées que les disciplines convoquées : mathématiques, informatiques, sciences cognitives… Les méthodes d’IA sont très nombreuses et diverses (ontologique, apprentissage par renforcement, apprentissage adversarial, réseaux de neurones…) et ne sont pas nouvelles : beaucoup d’algorithmes utilisés aujourd’hui ont été développés il y a plusieurs dizaines d’années souligne Cedric Villani dans l'introduction de son rapport.

Mais la France n'est pas dans le top des grandes puissances de l'intelligence artificielle remarque le rapport qui n'en souligne pas moins : la France dispose de tous les atouts pour exister sur la scène internationale.

Le rapport Villani prône une concentration sur quatre secteurs stratégiques : santé, environnement, transports et défense.

Pour chacun de ces secteurs, la stratégie industrielle doit permettre de mobiliser et de structurer les écosystèmes autour de grands enjeux et défis sectoriels. Il n’est pas question ici de développer de l’IA pour elle-même, comme une fin en soi, mais justement de canaliser cette énergie pour le développement d’applications, d’usages qui contribuent à améliorer notre performance économique ainsi que le bien commun : détection précoce des pathologies, médecine des 4P3, disparition des déserts médicaux, mobilité urbaine à zéro émission... Ces enjeux et défis affichés de politique industrielle, propres à chaque secteur, dépassent le sujet de l’IA, mais pourraient contribuer à donner un terrain favorable à son développement indique le rapport

Toujours selon le rapport, l'Etat doit adopter une stratégie sectorielle également, tout en favorisant les échanges et la mutualisation des ressources : Le deuxième pilier de cette stratégie consiste à mettre en place des plateformes sectorielles de mutualisation. Celles-ci devront offrir un accès différencié et sécurisé aux acteurs de ces différents écosystèmes (chercheurs, entreprises, puissance publique) à des données pertinentes pour le développement d’IA, à des ressources logicielles ainsi qu’à des infrastructures de calcul d’ampleur significative. Dans un continuum public-privé, ces plateformes devront permettre à ces différents acteurs de développer de nouvelles fonctionnalités adaptées aux spécificités de chaque secteur.

L'Etat, pour Cedric Villani qui se doit d'être exemplaire sur ce sujet : L’État doit être un puissant moteur de ces transformations. La puissance publique doit se donner les moyens matériels et humains d’intégrer l’IA à la conduite de ses politiques publiques, à la fois dans une perspective de modernisation et par souci d’exemplarité.

Le président de la République Emmanuel Macron doit dévoiler ce jeudi une série de mesures directement inspirées du rapport Villani.