Sécurité informatique : les antivirus inefficaces

Par:
fredericmazue

lun, 26/10/2009 - 16:19

Réunis par l’école d’ingénieurs ESIEA à Laval, des experts internationaux de la sécurité informatique offensive ont réussi à désactiver en quelques minutes seulement les 6 antivirus les plus vendus dans le monde.

Au cours de la première édition du congrès iAWACS dédiée à la sécurité informatique opérationnelle, des spécialistes mondiaux ont démontré la très grande vulnérabilité des principaux antivirus présents sur le marché.

6 antivirus désactivés en moins de 2 minutes pour le moins résistant et 40 minutes pour le plus efficace

Il n’aura pas fallu plus de temps aux experts de la sécurité informatique réunis par l’ESIEA à l’occasion du congrès iAWACS pour désactiver 6 des antivirus les plus répandus sur le marché. Ce concours, s’apparentant à un « test consommateur », réalisé en marge des travaux et conférences d’experts, souligne la rapidité avec laquelle des logiciels antivirus de référence peuvent être désactivés :

*Dr Web, le plus dur à contourner, a cependant été suffisamment affaibli pour conclure qu’avec un peu plus de temps (plus d’une heure), les candidats seraient parvenus à désactiver un septième antivirus.

Les experts avaient à disposition des ordinateurs standards fonctionnant sous Windows, identiques à ceux des particuliers. Objectif : désactiver l’antivirus protégeant le système en moins d’une heure. Preuve de leur réussite : la non-détection par l’antivirus d’une attaque virale conventionnelle censée être détectée.

Vulnérabilité de la plupart des systèmes de protection

« L’objet du concours n’est pas de donner aux hackers les dernières « astuces » pour pénétrer de façon frauduleuse des systèmes informatiques », souligne Robert Erra, coresponsable du congrès iAWACS. « Il n’est d’ailleurs pas question de divulguer au grand public le détail des procédés techniques mis en œuvre par les participants. Ces informations seront uniquement communiquées aux éditeurs concernés pour prouver la vulnérabilité de leurs programmes. »

Les responsables de la société AVG présents à iAWACS ont particulièrement apprécié cette approche. Lorsque leur antivirus est tombé devant leurs yeux, ils ont appelé en direct leurs développeurs en République Tchèque pour relayer les informations techniques récupérées. Du producteur au consommateur si l’on peut dire.

Un flou juridique qui bloque la recherche dans ce domaine…

Eric Filiol et Rober Erra ont eu du mal à convaincre les experts participant au congrès iAWACS de s’inscrire également au concours. Seuls deux experts ont bien voulu jouer le jeu. « La loi de 2004 sur la confiance dans l'économie numérique est trop floue sur ce point… Une personne peut être potentiellement poursuivie si elle parvient à désactiver un antivirus », ajoute Eric Filiol. « Si, faute d’un cadre juridique clair, la recherche dans ce domaine est bloquée en France, nous prendrons beaucoup de retard, notamment par rapport à nos partenaires européens. Avec seulement deux participants nous obtenons des résultats qui font frémir… Imaginez si la quarantaine d’experts que nous avons réunis avaient tous participé au concours ! ».

Adopter la posture de l’attaquant : seule alternative efficace

Organisé dans le cadre du laboratoire de cryptologie et virologie opérationnelles de l’ESIEA, le congrès iAWACS a rassemblé plusieurs spécialistes internationaux de la sécurité informatique offensive, lesquels participent le plus souvent aux grands rendez-vous internationaux de hackers (Black Hat, CanSecWest…). Pendant 3 jours, des conférences et débats ont permis une large évaluation des principales politiques et techniques en la matière grâce à la présentation de travaux "alternatifs". Tous les participants avaient un point commun : avoir développé des études opérationnelles sur les attaques informatiques en privilégiant la vision de l’attaquant.

« iAWACS a pleinement rempli son but » conclut Robert Erra, « celui de contribuer à offrir la meilleure réponse aux nouvelles exigences des entreprises et des états face aux attaques des hackers, crackers et autres pirates du web. ». La prochaine édition d’iAWACS se tiendra à Paris les 12, 13 et 14 mai juste après la 19eme édition de la conférence EICAR, co-organisée également par l’ESIEA. Et les organisateurs promettent d’ores et déjà d’aller beaucoup plus loin.

 Site : http://www.esiea.fr/