Viva Technology 2018 : la foire technologique XXL

Par:
francoistonic

lun, 28/05/2018 - 15:09

Plusieurs milliers de startups du monde entier, réparties dans d’immenses zones des grands groupes industriels ou technologiques. On peut y faire son marché : un peu de santé, un peu de IoT, un soupçon de transports. Il n’y a pas vraiment de lignes directrices. Certains diront que c’est une foire ou un bazar. Car le salon est avant tout B2B et B2C, mais pas pour le grand public. On peut y croiser des partenaires, des idées, avoir du financement, se montrer. Et comme toujours dans le monde startup, il y a celles qui ont un produit fini et disponible et les autres qui vendent l’idée ou le prototype plus ou moins fini, « disponible courant 2019 ». Ou les autres qui te disent : « le produit existe, mais manque de chance il est encore dans l’avion. Il sera là demain ». Argh, je n’ai vraiment pas de chance… Mais on sent que l’on arrive à un point de maturité et il faut maintenant trouver les marchés et les clients.

Viva Technology c’est comme un labyrinthe ou une escape room : il faut trouver les indices. Ici, ce sont les tendances du moment. L’an dernier, peu de réalité augmentée/virtuelle, un peu d’IA. Cette année c’est beaucoup d’IA et des casques de VR partout, avec des services clouds à toutes les sauces. On nous promettait plein de robots. Oui, plus que l’an dernier, mais ce n’est pas non plus la déferlante même si SoftBank met bien en avant Nao et Pepper sur un stand attrayant. Le but n’est pas forcément de parler de SoftBank, mais de mettre en avant l’écosystème autour de Nao et de Pepper. Mais après +7h à déambuler dans les allées, à voir les startups plus ou moins intéressantes, nous avons été un peu déçus, ou du moins, insatisfaits côté IoT, impression 3D et les tendances réellement disruptifs (donc de ruptures). Par contre, la santé, la e-santé sont des secteurs particulièrement en forme à Viva, avec les transports (même si parfois on voit des services très proches les uns des autres ou des apps/services qui apportent peu par rapport à l’existant et on se demande quelle est la pérennité réelle de ces projets). Le monde de la beauté et du luxe est présent et permettait de voir comment les nouvelles technologies peuvent aider au quotidien, l’exemple du maquillage et de la coiffure temps réel en captant l’image temps réel pour appliquer les changements montre les évolutions. Il y a quelques années c’'était la cabine d’essayage virtuelle, mais la technologie était chère et d’une fluidité parfois discutable, aujourd’hui, les solutions sont matures. 

Nous vous proposons une petite sélection de startups/projets qui nous ont le plus intéressés. Bien entendu, qui dit sélection, dit choix personnel de la rédaction. :-)

ModiFace : sur le grand stand L’Oréal, nous pouvions voir en grand l’application ModiFace. Cette startup a été rachetée il y a quelques semaines par le géant des cosmétiques pour proposer une nouvelle expérience sur le « maquillage virtuel » en mode temps réel. Les démos étaient assez impressionnantes et particulièrement fluides.

Volumic : dans le monde des imprimantes 3D, on trouve un peu de tout et à tous les prix. Volumic propose un modèle haute performance supportant de très nombreux matériaux d’impression : filaments chargés de bois, carton, kevlar, fibre de verre, graphite, etc. Là encore les démos étaient très intéressantes pour la robustesse des objets et de la machine en elle-même qui propose une vitesse d’impression pouvant aller jusqu’à 3 cm/s. Ca change du PLA classique !

360SmartConnect : la construction connaît sa révolution depuis quelques années. L’impression 3D, le SmartCity, les IoT. Aujourd’hui, la construction un bâtiment c’est aussi une question d’électronique, de capteurs, de données. L’idée est simple : avoir des capteurs de type NFC noyés dans le béton pour fournir des informations/données quand on approche un smartphone (bien entendu avec gestion de l’identité). Par exemple, fournir le type de matériaux, le constructeur, l’équipe qui a réalisé les murs, etc. On peut imaginer d’autres capteurs pouvant fournir des informations sur les écarts de températures, l’humidité, les mouvements, etc. Reste à voir comment ces capteurs vieillissent dans le temps et leur durée de vie. Car un bâtiment peut rester actif durant 50-60 ans minimum… Dans le cadre du SmartCity, on peut imaginer d’avoir des bornes intégrées dans les immeubles pour guider, donner des informations, etc. 

Unistellar : le télescope de nouvelle génération arrive ! Très compact, il se transporte facilement. L’idée est de proposer un puissant outil pour les amateurs de cosmos. Il est capable d’identifier lui-même les amas, les étoiles observées. Il propose un système d’amplification de la lumière. Le constructeur annonce une autonomie de 10h, de nombreux capteurs et moteurs, des positionnements autosomiques, traitement à la volée des images, réducteur de bruit. Le design est très réussi. Livraison prévue d’ici 1 an…Il faut compter environ 1500-1600 $.

Embrace : la e-santé était une des vedettes de Viva. Parmi le large choix de services (médical, IA, services aux malades, etc.), nous pouvons citer empatica avec son embrace. Il s’agit d’un bracelet pour les épileptiques. Le traceur monitore les données recueillies et permet de vous prévenir en cas de crise et d’envoyer des notifications aux personnes enregistrées. Il permet aussi de suivre la qualité du sommeil. 

3desserts : L’an dernier, plusieurs projets proposaient des impressions de gâteaux, de confiseries. Cette année, c’est moins flagrant. 3dessertsgraphiques utilise un bras robotisé pour créer et imprimer les desserts. Mais la frustration était là : où est l’imprimante ? Malheureusement absente ! Il peut imprimer des gâteaux de 30 cm ! Ces imprimantes nous en voyons depuis plusieurs années que se soit ici ou dans des Maker Faire. Mais on peut s’interroger sur le marché réel de ces solutions et sur la partie hygiène et nettoyage. 

E4 : il s’agit d’un robot de surveillance pour la maison construite par A.I.Mergence. Ce petit robot, sur roues, est assez discret et le design tout en rondeur. Il peut assurer une surveillance complète 24/7, mais attention aux escaliers et terrains un peu trop accidentés. Il est autonome et peut détecter des anomalies (il utilise des algorithmes pour comprendre et analyser la situation). Il peut détecter une intrusion, lever des doutes, détecter des bruits, apprentissage du quotidien des habitants, etc. 

Viaroom Home : bien entendu, la domotique, le confort au quotidien sont des tendances du salon. Viaroom Home est un module domotique pour contrôler et gérer la maison (les éléments compatibles). Là encore, il peut apprendre de nos habitudes pour adapter son fonctionnement et optimiser les objets de la maison. Il peut régler la température, éteindre les lumières, arroser les plantes, régler le chauffage, etc. L’outil arrive sur un marché déjà bien encombré. 

Des robots : la robotique était bien entendu présente. SoftBank était une des attractions avec Pepper et Nao. Occasion pour le constructeur de parler écosystème, de montrer les partenaires et de montrer la compatibilité Android et les nouveaux SDK disponibles pour les développeurs. Les robots industriels et de logistiques étaient bien entendus très présents comme celui de MetraLabs pour la logistique et l’inventaire en magasin/entrepôt. Il peut capturer les données RFID des produits. Il navigue dans les allées de manière autonome. Autre robot visible, Heasy. Il est là pour informer les personnes, les aider dans les lieux publics. Il possède un large écran au niveau du buste. Il possède un ensemble de caméras 3D, un système audio et peut se mouvoir avec un système anticollision :-). On pouvait aussi voir un robot de Vitrioler pour remplacer les herbicides. Ce robot permet de désherber d’entretenir une zone donnée et de déployer des troupeaux de robots pour le faire. Pour l’autonomie, il possède des panneaux solaires. La société supervise au quotidien les robots déployés. 

Glowee : nous avions rencontré cette jeune société durant une Maker Faire. Il s’agit d’utiliser de la bioluminescence provenant de micro-organismes. La technologie développée permet d’éclairer des surfaces grâce à ces propriétés naturelles ! Dans le cas d’une smartcity, de bâtiments publics, etc. cela peut éviter d’installer des éclairages et d’accentuer les dépenses et la polution lumineuse. 

Kwalys : les chatbots étaient présents chez plusieurs startups. Citons par exemple Kwalys qui propose une plateforme pour concevoir des chatbots/calots sans programmation. Cette approche est importante pour faciliter l’usage des chatbots. 

NoSoft : NoSoft est dans la mouvance actuelle Low code/No Code. L’idée est de réaliser des apps sans programmation. On trouve l’application NoSoft puis des templates de création que l’on personnalise. De bout en bout, nous sommes pris en vain pour l’assistant. 

Crantec : Le LiFi est une technologie discrète, mais qui mérite que l’on s’y attarde quelques minutes. Le LiFi est une technologie de communication basée sur la lumière. C’est du WiFi, mais « visible » en utilisant la lumière. Elle se pose en alternative du WiFi. Le stand de Crantec permettait de voir le LiFi en action. La société propose une structure complète pour créer des réseaux LiFi dans un immeuble, une maison. 

Snips : il s’agit d’un assistant vocal open source, qui n’a pas besoin d’être connecté pour fonctionner. L’objet équipé de snips analyse les mots/commandes vocales et interagit avec l’utilisateur. Il supporte l’Anglais et le Français. Snips est avant toute une plateforme logicielle fonctionnant sur les cartes de type Raspberry Pi. Pour créer ces propres objets, on peut utiliser le Maker Kit incluant le shield ReSpeaker 2, une Pi 3, un haut-parleur. Snips peut être s’intégrer dans des solutions industrielles ou makers. 

On pouvait voir le Seabubbles, une nouvelle navette fluviale qui est en test sur la Seine depuis plusieurs mois. Il s’agit d’un bateau de petite taille, à propulsion électrique. Avec la vitesse, la coque se soulève et repose sur les foils. Avantage : on limite au maximum les vagues. À voir si ce nouveau projet sera économique viable. D’autres navettes ont déjà tenté l’aventure, sans succès. La région Ile de France a aussi profité du salon pour annoncer que les tests du pass Navigo (transports) sur smartphones seront lancés dans les prochains. Mais pour le moment uniquement sur Android. Sur la partie réalité augmentée/virtuelle, notons les usages de TF1 pour la coupe du monde de football ou comment « augmenter » l’expérience des matchs… La reproduction d’une petite partie de la station spatiale ISS sur le stand HPE, un drone géant chez Airbus, des traceurs pour sportifs, etc. 

Bref, il y en avait pour tous les goûts. Chaque région française cherchait à se mettre en valeur. C’est louable avec le risque d’être noyé dans la masse. C’était aussi le passage obligé de nombreux politiques un peu comme le salon de l’automobile ou le salon de l’agriculture. Il ne manquait que les points de ravitaillements pour tenir la distance.

François Tonic