Développement spécifique : Retour vers le Futur

Par :
Pierre Audoin Consultants

mar, 27/03/2012 - 12:52

Le développement spécifique, né avec l’informatique, a totalement dominé ce marché jusqu’à la fin des années 80, puis a commencé à céder face aux progiciels. Ceux-ci ont d’abord conquis les travaux les plus banalisés, comme les outils systèmes puis bureautiques, avant de commencer à coloniser les systèmes métiers. Ces progiciels ont progressivement investi la plupart des fonctionnalités applicatives dans les sociétés : gestion, ressources humaines, ventes… Par Pierre Audoin Consultants.

Leurs principaux avantages étaient un coût « raisonnable », en particulier concernant la maintenance, et l’intégration par les sociétés d’applications structurantes architecturées sur les meilleures pratiques. Des gains donc au niveau financier mais aussi en productivité des métiers, qui contre balançaient la lourdeur de ces logiciels, l’importance des projets d’intégration et leur longueur. Progressivement le marché s’équipa d’abord sur des fonctions de base, puis de plus en plus vers des fonctions pointues. Pour couvrir ces fonctions et faire la différence avec les autres entreprises qui étaient toutes équipées des mêmes logiciels, on a recommencé à faire du développement spécifique.

On en est donc parvenu à des systèmes qui cumulaient bon nombre des problématiques du progiciel (lourdeur et non différenciation) et du développement spécifique (maintenabilité et productivité), tout en étant souvent peu différenciés par rapport aux autres entreprises, alors même que des fortunes étaient dépensées en services informatiques. En même temps, l’informatique devenait de plus en plus importante dans la création de valeur des entreprises et celles-ci avaient de plus en plus besoin de réactivité pour affronter un environnement de plus en plus changeant.

« Lorsque que l’on voit certaines industries comme l’énergie ou l’automobile qui sont quasiment mono progiciel, espérer faire la différence sur leur ERP est vain, même si c’est un bon facteur d’optimisation. On est arrivé à une impasse et une fin de cycle. Il faut autre chose pour faire la différence : une approche qui combinerait les avantages des produits industrialisés, tels que les progiciels, et ceux du développement spécifique, comme un fort alignement sur les besoins métiers » précise Mathieu Poujol, Principal Consultant chez PAC.

Paradoxalement, avec l’arrivée d’internet et des architectures orientées services, la « progicielisation » et la standardisation des couches « middleware » allaient servir de catalyseur au retour en grâce du développement spécifique. Ces « middlewares » standardisés ajoutés à une approche de plus en plus basée sur les modèles, permettaient une forte réutilisation et une meilleure « maintenabilité » des logiciels développés, baissant ainsi mécaniquement la barrière à l’entrée. Le développement spécifique redevenait alors une alternative très intéressante au progiciel pour créer de la valeur ajoutée. C’était Retour vers le Futur 1.

Mais les entreprises voulaient encore plus, des applications totalement alignées sur leurs besoins métiers, flexibles et rapides à développer. On est alors passé à un stade supérieur dans l’abstraction et le développement, avec des approches issues de technologies intégrant ou combinant des concepts comme les moteurs de règles et de contraintes, les systèmes multi-agents, les outils de gestion des évènements complexes… Sur ces domaines où l’algorithmique est reine, on a vu éclore des entreprises innovantes françaises comme Faveod ou des combinaisons de technologies telles que Watson d’IBM. « L’accélération dans l’expression des besoins métiers, et la souplesse nécessaire dans l’intégration des nouveaux usages dans les systèmes existants obligent les DSI à intégrer une dimension sur mesure » confirme Yann Azoury, CEO de Faveod.

Le développement spécifique est redevenu crucial dans l’informatique : on revenait à des systèmes qui faisaient une vraie différence avec la compétition tout en bénéficiant de leur agilité, de leur ouverture... C’est Retour vers le Futur 2

Où Marty et le Doc vont nous emmener maintenant? Je ne sais pas, mais Retour vers le Futur 3 promet d’être passionnant.

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