Eurafnet / Le Green IT

Par :
Frédéric Mazué

ven, 05/12/2008 - 12:24

L’environnement est devenu un enjeu majeur. Le gouvernement grâce à de nombreuses mesures incite les entreprises et les citoyens à avoir une démarche de développement durable.
Internet Fr, l’un des principaux acteurs de l’hébergement infogéré en France, a fait des choix stratégiques destinés à respecter l’environnement et à une démarche citoyenne visant à diminuer son empreinte énergétique. Dominique Morvan, Directeur Général du Groupe Eurafnet et d’Internet Fr nous explique sa vision du marché informatique et de l’hébergement ainsi que les enjeux majeurs en terme de développement durable pour ce secteur.

par Dominique Morvan, Directeur Général du groupe Eurafnet

L’environnement est devenu un enjeu majeur. Le gouvernement grâce à de nombreuses mesures incite les entreprises et les citoyens à avoir une démarche de développement durable.
Internet Fr, l’un des principaux acteurs de l’hébergement infogéré en France, a fait des choix stratégiques destinés à respecter l’environnement et à une démarche citoyenne visant à diminuer son empreinte énergétique. Dominique Morvan, Directeur Général du Groupe Eurafnet et d’Internet Fr nous explique sa vision du marché informatique et de l’hébergement ainsi que les enjeux majeurs en terme de développement durable pour ce secteur.

Pourquoi comparer le Web 2.0 au Green IT ?

Outre le fait que ce sont les sujets tendances du moment qui alimentent les médias et les conversations, le Web 2.0 et le Green IT font partis désormais de la stratégie des entreprises. Mais c’est aussi, il faut bien l’avouer, un moyen d'améliorer l'image de marque de celles-ci en leur donnant bonne conscience : on contribue à sauver la planète, on donne la parole aux internautes… Ensuite, les sociétés trouvent là une échappatoire pour éviter de parler de la conjoncture économique morose qui les touche de plein fouet. En même temps, le Web 2.0 et le Green IT ont de nombreux points communs positifs car ces sujets répondent à un sens pratique, culturel et sociétal.
En effet, ni le Green IT ni le Web 2.0 ne correspondent à une innovation technologique marquante. Dans les deux cas, cela correspond à la prise de conscience que ces sujets sont devenus essentiels dans la pensée des consommateurs ou des citoyens et dans leur façon de procéder. Dès lors, les éditeurs de contenus pour le web 2.0, et les constructeurs pour le green IT ont flairé l’argument marketing pour mettre en évidence les progrès (légitimes et visibles) accomplis sur plusieurs années. La presse a repris le thème et l’a propagé, mais fondamentalement, ni le web 2.0 ni le green IT n’apportent de façon de procéder radicalement différente de ce que l’on faisait au début du siècle (2001 et suivantes). Pour le web 2.0, c’est en fait le développement des réseaux haut débit qui a permis la popularisation de l’Internet. Pour le green IT chez les exploitants de data centers, c’est la double envolée de la consommation électrique des serveurs et du prix du baril de pétrole qui a sans doute popularisée le sujet.

Moyens mis en œuvre par les acteurs de l’hébergement pour respecter l’environnement

Beaucoup de moyens ont été mis en place depuis ces deux dernières années. On peut parler de réponse à une politique environnemental des entreprises mais il s’agit surtout de respecter les normes et donc les obligations légales qui leur sont imposées.
La construction d’un data center et son exploitation demande l’installation de systèmes électriques, de refroidissement, anti incendie qui n’échappent pas aux normes et aux obligations légales qui souvent sont définies pour des installations industrielles plus lourdes et plus historiques. Ce sont surtout ces normes qui sont prises en compte par les constructeurs puis par les clients qui amènent naturellement à un respect de l’environnement. La marge de manœuvre du client se ramènera souvent à un choix supplémentaire dans ses achats de matériels qui sera dicté par des considérations principalement économiques
De son côté, avec la construction du nouveau data center de Massy, Internet Fr a baissé de 80 % sa consommation en climatisation. Nous avons fait le choix de compartimenter nos salles informatiques afin de maîtriser et concentrer les flux d’air chaud en provenance des serveurs dans un espace réduit pour faciliter son évacuation. Cette technique a multiplié par deux l’efficacité des systèmes de refroidissement, réduisant de près de 50 % l’énergie nécessaire au maintien des serveurs à la température optimale de fonctionnement.
De plus, pour générer de l’air frais, Internet Fr a eu recourt à la technologie du free-cooling qui consiste à aspirer l’air extérieur quand la température le permet. Celle-ci permet d’éviter d’utiliser des compresseurs à eau (climatisation classique) qui sont de véritables gouffres énergétiques.


Des champs d’actions limités ?
La réponse est oui. Il faut néanmoins bien garder à l’esprit que les efforts des exploitants sont limités à 3 facteurs essentiels :

-la maîtrise des coûts
-la disponibilité de solutions technologiques
-l’adaptation de l’environnement socioprofessionnel

Les deux premiers facteurs sont facilement compréhensibles. Pour le 3ème, on peut l’illustrer par l’exemple de Internet Fr dont le data center est à l’écart du centre ville, donc des services collectifs (écoles, piscine, locaux administratifs) qui pourraient être utilisateurs de la chaleur produite. Mais de gros travaux de canalisation sont nécessaires. En outre, la position dans une zone industrielle ne permet pas l’implantation facile de serres, autre consommateur potentiel de cette énergie à bon marché. Enfin, cette chaleur pourrait servir tout simplement pour les entreprises voisines, sous réserve que les gestionnaires des immeubles et les propriétaires y soient sensibilisés et motivés.

Faire intervenir les collectivités

Prenons notre cas par exemple. Nous faisons ce qu’il est possible à notre niveau mais il reste, on le constate aujourd’hui, une quantité de chaleur qui est renvoyé dans l’air ambiant et qui n’est pas retraité. On pourrait par exemple la mettre à la disposition des collectivités locales qui sont à proximité pour qu’elles puissent la réutiliser à bon escient.
Le problème est que beaucoup de collectivités ne sont pas sensibilisées sur le sujet ou alors, les investissements collectifs à réaliser ne peuvent pas être inscrits raisonnablement au budget de la collectivité.

L’état et les élus doivent être prescripteurs

On en revient donc au besoin que le politique prenne les devants et définissent un certain nombre d’incitations pour que tous participent à cet effort.
Ce sont principalement les incitations fiscales qui amènent quelques particuliers qui en avaient besoin à revoir l’isolation de leur maison ou leur système de chauffage ou de production d’énergie. De la même manière, la collectivité voisine d’un exploitant de data center serait plus tentée de réagir si des incitations, si ce n’est des obligations, étaient imaginées par le politique. Mais il faut prendre en compte la dimension du monde des data centers (combien y en a-t-il par tranche de 100.000 habitants en France ?) pour imaginer si le politique va y trouver son compte à court terme ou plus tard.

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Frédéric Mazué