Les technologies numériques peuvent-elles sauver le climat ?

Par :
Frédéric Mazué

mar, 22/12/2009 - 13:15

Avec le passage au support numérique, les Technologies Numériques de l’Information et de la Communication (TNIC) sont bardées de toutes les qualités : elles peuvent rendre les démocraties plus transparentes et participatives, elles permettent d’améliorer l’efficacité des processus de production et donc la performance économique, d’optimiser l’utilisation des ressources naturelles grâce à la dématérialisation, ou de réduire nos pollution en surveillant nos émissions de polluants divers et variés. Explication de Cédric GOSSART, maître de conférences à Télécom Ecole de Management

Avec le passage au support numérique, les Technologies Numériques de l’Information et de la Communication (TNIC) sont bardées de toutes les qualités : elles peuvent rendre les démocraties plus transparentes et participatives, elles permettent d’améliorer l’efficacité des processus de production et donc la performance économique, d’optimiser l’utilisation des ressources naturelles grâce à la dématérialisation, ou de réduire nos pollution en surveillant nos émissions de polluants divers et variés.

Les TNIC sont donc en première ligne des outils pour lutter contre le changement climatique, comme on le voit dans la stratégie européenne de lutte contre le réchauffement (elles contribuent à améliorer notre efficacité énergétique).

Depuis le Sommet de la Terre à Rio en 1992, la rencontre de Copenhague est la quinzième réunion des pays signataires de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques Solutions (CCNUCC), et elle présente une configuration nouvelle que l’on peut mettre au crédit de cette rencontre.

En effet, les pays en développement qui sont les bénéficiaires des instruments déployés par le Protocole de Kyoto ne restent plus en position de simples demandeurs de fonds, mais donnent collectivement de la voix pour mettre les pays les plus riches devant leurs responsabilités face à un réchauffement qu’ils ont largement alimenté depuis le début de la révolution industrielle commencée à la fin du 18ème siècle.

L’enjeu du prochain sommet de Mexico l’année prochaine sera d’inventer la suite du Protocole de Kyoto qui arrive à échéance en 2012, car il est peu probable que l’on arrive à un tel accord à Copenhague.

Mexico sera d’autant mieux préparée que Copenhague ne sera pas un échec complet. Pour cela il faut que les pays participant aux négociations soient prêts à s’engager sur des objectifs en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi sur le type d’instruments à utiliser pour y parvenir.

Il convient de souligner une dimension du débat largement occultée des négociations et discussions autour du sommet de Copenhague.

On insiste beaucoup sur l’utilisation des TNIC pour réduire notre empreinte écologique, mais on ne parle pas de « l’effet rebond » qui tend à annuler les allégements de cette empreinte ni du problème des déchets électroniques ou des métaux rares utilisés dans l’électronique, localisés majoritairement en Chine qui rêve, en tant que premier exportateur de produits électroniques, d’en interdire l’exportation.

Mais les solutions économiques et technologiques seront-elles suffisantes pour rester sous la barre des +2°C de réchauffement, seuil au-delà duquel nombre d’effets seront irréversibles ?

Qu’en est-il des changements dans nos comportements de production et de consommation ?

Un rôle essentiel des TNIC est de favoriser ces changements en rendant visibles nos impacts environnementaux et en diffusant des bonnes pratiques, qui sont bonnes parce qu’efficaces et en mesure d’être adoptée par les acteurs. Il est par exemple fantaisiste de proposer aux entreprises une solution de lutte contre le réchauffement qui entraînerait leur faillite.

Enfin, pour aller plus loin sur le chemin des transformations nécessaires pour contrer le changement climatique, il faut oser avec Hervé Kempf poser la question de savoir si pour sauver la planète, il ne faut pas « sortir du capitalisme » ?

C’est une question pour laquelle nous manquons aujourd’hui cruellement de réponses cohérentes de la part des tenants de la « croissance verte » ou de la « décroissance », mais ça n’est pas une raison pour ne pas la poser…

Cédric Gossart est docteur en sciences politiques et économiques et maître de conférences à Télécom Ecole de Management. Ses activités de recherche portent sur les stratégies d’acteurs publics et privés en matière de développement durable dans le cadre de la société de l’information. Il s’intéresse également au développement durable des pays méditerranéens.

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Frédéric Mazué