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Par :
Dave Crossley

lun, 19/05/2014 - 12:37

J’ai récemment entendu quelqu’un décrire une application qui pouvait potentiellement sauver des vies. Quand il se déplaçait dans la montagne, son Smartphone enregistrait sur une carte le chemin qu’il empruntait tout en fournissant des données sur sa vitesse, le temps passé à marcher, etc. S’il se perdait, ou si le brouillard tombait, les données très détaillées contenues sur la carte pouvaient alors lui permettre de rebrousser chemin vers un lieu plus sécuritaire. Il y avait cependant un problème majeur : la carte ainsi que les services annexes qu’il utilisait sur son téléphone consommaient tellement que la durée de vie de la batterie suffisait à peine à couvrir une demi journée de marche en extérieur. Bien évidemment, plus la randonnée est longue, plus la mémoire de l’application devient essentielle et plus quelqu’un a potentiellement besoin d’une réserve de batterie pour pouvoir passer des appels d’urgence. En tant que gadget, cette application était tout simplement géniale, mais s’avérait quasi inutile pour sauver des vies.

Il s’agit là d’un exemple extrême illustrant un problème que nous rencontrons tous les jours avec nos Smartphones. Si les publicités TV actuelles soulignent  les fonctionnalités haut de gamme des appareils mobiles en mettant en scène des jeunes branchés qui filment leurs vies et éditent leurs vidéos sur des écrans à encore plus haute définition, elles ne s’attardent jamais sur le  travailleur mobile contraint chaque jour de chercher une prise de courant compatible avec le chargeur de son appareil.

Un rapport récent du cabinet d’études Yankee Group à établi une corrélation entre les différentes fonctionnalités et l’autonomie de plus de 850 Smartphones introduits sur le marché entre 2009 et 2013. L’auteur de ce rapport, Carl Howe, Vice Président de Yankee Group, commente : « De nombreux consommateurs et de nombreux vendeurs sont obnubilés par la taille des écrans, la vitesse des processeurs ou les technologies radios embarquées. Mais derrière toutes ces fonctionnalités se cache une technologie que personne ou presque ne comprend mais sans laquelle aucune communication mobile ne serait possible : la batterie. »

La batterie a toujours été une question clef. Je me souviens des premiers téléphones mobiles qui étaient alors vendus avec un jeu de deux batteries et un chargeur indépendant permettant de toujours avoir une batterie de rechange déjà chargée. Et nous continuons aujourd’hui à considérer deux types de données lorsque nous cherchons à acquérir un nouveau téléphone : l’autonomie « en veille » et l’autonomie « en conversation ». Les chiffres actuels pour ces deux caractéristiques sont plutôt impressionnants en raison d’améliorations importantes apportées à la technologie des batteries, mais ils ne prennent presque pas en compte la façon dont la plupart des Smartphones sont désormais utilisés. Avec jusqu’à cinq antennes radios embarquées, supportant des fonctionnalités comme le WiFi, le Bluetooth, le GPS ou les appels voix, les Smartphones actuels peuvent consommer la batterie extrêmement rapidement – le GPS étant particulièrement gourmand en énergie comme a pu le constater notre randonneur en montagne.

Passer à un écran plus grand peut permettre de gagner de la place pour insérer de plus grosses batteries, mais la mode veut que les téléphones soient le plus plats possibles, ce n’est donc pas vraiment une solution. Dans tous les cas, de plus grosses batteries coûtent plus cher et chauffent d’avantage. Nous pourrions aussi attendre que de nouvelles avancées voient le jour dans le domaine de la technologie des batteries : mais si de nombreuses découvertes sont faites en laboratoires, nous sommes encore loin de pouvoir fournir des solutions économiques destinées au grand public. La réponse la plus immédiate à apporter à ce problème est donc d’améliorer l’efficacité énergétique des batteries.

Améliorer l’efficacité nécessite le développement conjoint du matériel et du logiciel. D’un côté, des puces silicones frugales et dédiées à la reconnaissance vocale, comme le Moto X, et, d’un autre côté, des logiciels plus intelligents, comme le Network Socket Request Manager de Qualcomm, capables de réduire le trafic de signaux des Smartphones en groupant les demandes applicatives et en les retardant intelligemment, peuvent fournir une meilleure expérience utilisateur tout en réduisant la consommation d’énergie. Apple s’en sortent très bien en ayant adopté cette approche, revendiquant une amélioration de 45% de l’autonomie de la batterie de l’Iphone 5, et les autres entreprises comptent bien suivre leur exemple – mais c’est aussi aux développeurs d’applications de jouer leur rôle.

Au début, les développeurs d’applications OTT ne se souciaient pas de vider la batterie : après tout, c’est un problème qui regarde les opérateurs mobiles ou les vendeurs d’équipements. Mais lorsqu’une application très populaire comme Skype commence à avoir la réputation de drainer les batteries (du moins d’après l’analyste stratégique d’Ovum Telco, Jeremy Green), les utilisateurs passent plus de temps hors ligne et l’application n’est quasiment plus utilisée. Bien sûr, Skype était destiné à l’origine aux ordinateurs de bureau  pour lesquels la consommation d’énergie n’était pas un frein, mais les choses changent. Nous avons récemment effectué des tests sur les derniers Smartphones VoLTE et constaté que les appels Skype utilisaient environ un tiers d’énergie en moins grâce aux améliorations apportées à ces téléphones LTE de seconde génération.

Il a donc ici une nouvelle motivation pour les développeurs d’applications : à première vue, vous vendez sur la force de vos fonctionnalités et sur la qualité de l’expérience utilisateur, mais si votre application devient un standard, on se passera le mot si l’expérience utilisateur ne prend pas en compte la durée de vie de la batterie. En effet, l’autonomie de la batterie est en train d’émerger comme étant l’une des causes principales du mécontentement des utilisateurs des nouveaux appareils 4G et nous avons de plus en plus de demande pour ce type de tests.

La durée de vie d’une batterie dépend de deux facteurs : la capacité intrinsèque de la batterie et la consommation de courant moyenne de l’appareil. La consommation de l’appareil varie en fonction du type de services utilisés et est donc amenée à fluctuer fortement. Tester l’autonomie d’une batterie de Smartphone suppose donc l’utilisation d’un composant matériel capable de mesurer la consommation en temps réel mais aussi la mise en place de moyens permettant de générer des modèles de trafics réalistes au sein de l'appareil. Par le passé, on y arrivait plus ou moins grâce à un ingénieur disposant d’un mutli-mètres et à un grand nombre de conjectures sur les différentes utilisations typiques. Les solutions actuelles utilisent des logiciels capables d’automatiser ce processus : ils sont basés sur des bibliothèques de cas de tests mettant en scène différents composants et différentes applications de l’appareil et fournissent ainsi une méthodologie à la fois répétable et cohérente. Il est également nécessaire d’avoir une interface permettant de restituer des rapports fiables sur la consommation et les performances.

En pratique, Spirent utilise une base de données sur différents services et applications avec des statistiques sur leur fréquence et leur durée d’utilisation, à la fois individuellement et dans le cadre de profils utilisateurs typiques : par exemple, un ado accro aux SMS possède un modèle d’utilisation très différent d’un directeur commercial tout le temps en déplacement ou d’une mère au foyer souhaitant garder contact avec ses enfants et ses amis. Cela signifie que nous sommes capables d’exécuter des tests précis sur des applications individuelles et divers scénarios en laboratoire, mais également d’imiter des conditions d’utilisations les plus réalistes possibles (y compris un mélange de vidéos, de navigation web, de SMS, de voix, de données et d’applications mails) pour générer une mesure fiable des performances réelles entre les mains d’un utilisateur final.

Qui utilise ce service ? Typiquement, les opérateurs mobiles désireux de tester en parallèle une large gamme d’appareils pour pouvoir prendre des décisions « Fit4Launch », c'est-à-dire pouvoir se décider sur les appareils qu’ils souhaitent promouvoir sur leurs réseaux et/ou vendre dans leurs magasins. Nous avons également pour clients les fabricants d’équipements qui souhaitent savoir si leurs appareils fonctionnent correctement, à quel niveau ils se situent par rapport à la compétition et s’ils doivent les rendre plus efficaces pour rester dans la course. Enfin, nous aidons également les fournisseurs de chipsets qui travaillent avec les fabricants d’équipements à réaliser le même type de calculs – et encourageons les développeurs d’applications à prendre des notes.

Alors que la demande pour des tests d’autonomie des batteries ne cesse de grandir, l’industrie a besoin d’une solution de test incluant toutes ces fonctionnalités. Elle devrait intégrer un logiciel de test automatisé offrant un large choix de profils utilisateurs typiques pour pouvoir simuler des utilisations quotidiennes réalistes mais être également capable de concevoir des profils « sur mesures » pour répondre à des variations spécifiques. Elle devrait être supportée par une infrastructure Cloud fournissant une gamme typique de trafics vidéo, voix ou SMS/données pour pouvoir apporter du contenu pour n’importe quel type de profil utilisateur choisi – permettant ainsi d’accélérer l’effort de test tout en diminuant la main d’œuvre nécessaire à leur réalisation. Mais tout ceci est en réalité d’ors et déjà disponible, avec un composant matériel permettant de mesurer le courant et une fonction de rapports personnalisable capable de fournir des résultats dans un format le plus utile possible.

Observez bien cet espace…et attendez-vous à voir beaucoup plus de rapports publiés dans l’année à venir, détaillant l’autonomie réelle de nos Smartphones dans des conditions d’utilisations à la fois réalistes et exigeantes.

Peut-être allons-nous même mettre hors service les équipes de secouristes en montagne ?

A propos de l'auteur

Dave Crossley
Directeur Développement Commercial chez Spirent Communications

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