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Par :
Julien Bardey

ven, 30/08/2019 - 15:44

Les difficultés de recrutement sont un problème connu de toutes les entreprises : d’une start-up en croissance rapide jusqu’aux grands groupes en transformation, en passant par les PME. L’enjeu de l’accès aux talents remonte même jusque dans les bureaux du Comex et des Comités de direction, tant la question est importante. En effet, dans le contexte d’une polarisation de plus en plus forte du marché de l’emploi, dont parle notamment le dernier rapport de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), la santé économique des entreprises en devient réellement menacée. Toujours selon l’OCDE, la part de l’emploi très qualifié dans les pays membres a gagné 7,6 points de pourcentage entre 1995 et 2015. Comment faire face à ce défi ?

Une analyse de cette situation – qui rend le marché du travail de plus en plus tendu en France, et ailleurs – demande de faire d’abord un point sur les causes d’une telle polarisation. Nombreux sont ceux qui croient que celle-ci découle de l’ouverture et l’interconnexion des marchés mondiaux des dernières décennies. Or, le rapport de l’OCDE de 2017 expliquait déjà que la polarisation sur le marché du travail vient notamment des changements technologiques qui ont lieu dans tous les secteurs d’économie, et qui favorisent les individus qualifiés. Les conclusions du rapport 2019 confirment ce point : 14% des emplois actuels risquent de disparaître et 32% supplémentaires risquent d’être profondément transformés en raison de l’automatisation au cours des 15 à 20 prochaines années. Face à ce constat, il est possible de réfléchir à des solutions qui pourront permettre de résoudre, tout du moins partiellement, ces difficultés des entreprises.

En effet, il est tout d’abord nécessaire de fournir au marché davantage d’experts en nouvelles technologies et en numérique. Et c’est un projet de longue haleine. Dès leur très jeune âge, les enfants doivent apprendre la logique, les langages naturels et artificiels, les mathématiques : toutes ces compétences qui leur permettront ensuite d’exceller dans les métiers du code. Car oui, l’apprentissage du numérique ne signifie pas nécessairement l’« exposition aux écrans », nocive si précoce. En outre, dans cet univers extrêmement genré aujourd’hui, il est crucial de veiller à ouvrir ces portes-là aussi bien aux filles qu’aux garçons, et cette lutte contre le sexisme à chacune des étapes d’éducation et d’insertion sur le marché du travail doit devenir une des priorités. Face aux pénuries d’experts, la France et ses entreprises ne peuvent se passer de la moitié de sa population. Il y a un seul « mais » : ces changements prendront encore des décennies entières avant d’être réellement efficaces.

Ainsi, il est important d’adopter en parallèle plus de solutions à court terme : inciter à la mobilité professionnelle, promouvoir la reconversion professionnelle, lutter contre les inégalités. Car dans le numérique, il n’y a pas que les femmes qui sont discriminées sur le marché de l’emploi. Un habitant de province l’est aussi bien, s’il postule pour un poste à Paris. Une personne âgée l’est, face à un candidat jeune et « digital native ». Comme l’index d’égalité salariale il y a quelques mois, il serait peut-être intéressant de réfléchir à des normes anti-discriminantes pour les solutions de recrutement, qui permettraient à ces talents de se projeter et tenter leur chance plus facilement.

Enfin, la question de la formation continue reste une solution qui peut apporter des résultats tangibles le plus rapidement. Dans chaque équipe, dans chaque entreprise, il y a des talents qui ont la volonté et les capacités pour acquérir des compétences techniques ou numériques qui pourraient contribuer à combler la pénurie sur le marché. Or, selon l’OCDE, seulement 31,6% des Français ont suivi une formation professionnelle au cours des 12 derniers mois. Encore un chiffre qui offre une belle marge de progression aux entreprises.

A l’ère de l’automatisation d’un grand nombre de familles de métiers, les entreprises souffrent. Et encore une fois quand tout tremble, le secours ne peut venir que de l’ingéniosité et de la curiosité des femmes et des hommes qui se mobiliseront, à tous les niveaux, pour un marché de l’emploi plus adéquat aux besoins du marché, pour une économie plus solide et, in fine, pour une société plus sereine et heureuse.

A propos de l'auteur

Julien Bardey
Associé chez Hidden.market

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