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Pour IBM, Google n'a pas atteint la suprématie quantique

Par:
fredericmazue

mer, 23/10/2019 - 12:23

Fin septembre, un article du Financial Times, s'appuyant sur un article publié sur le site de la NASA puis retiré, indiquait que Google aurait atteint ou serait très proche de la suprématie quantique. Rapportant cette information nous indiquions qu'il fallait toutefois la prendre avec une certaine réserve.

Un article d'IBM publié en début de semaine explique que Google, selon Big Blue, n'a pas atteint le seuil de la suprématie quantique. L'article est très intéressant, mais là aussi il faut garder à l'esprit que les géants de l'informatique se livrent une bataille sans merci autour de ce sujet passionnant.

Rappelons brièvement ce qu'est la suprématie quantitque. Wikipedia explique : La suprématie quantique désigne le nombre de qbits au-delà duquel aucun superordinateur classique n'est capable de gérer la croissance exponentielle de la mémoire et la bande passante de communication nécessaire pour simuler son équivalent quantique. Les superordinateurs de 2017 peuvent reproduire les résultats d'un ordinateur quantique de 5 à 20 qubits, mais à partir de 50 qubits cela devient physiquement impossible. Le seuil d'environ 50 qubits correspond à la limite de la suprématie quantique.

D'après l'article mentionné par le Financial Times,  les travaux de chercheurs de Google auraient abouti à la création d'un ordinateur quantique capable d'effecteur un calcul spécifique en 3 minutes 20 secondes. Calcul qui aurait demandé 10 000 de travail à Summit, le supercalculateur le plus puissant du monde actuellement.

Pour IBM, il en va différemment : nous soutenons qu'une simulation idéale de la même tâche peut être effectuée sur un système classique en 2,5 jours et avec une fidélité beaucoup plus grandeIl s'agit en fait d'une estimation conservatrice dans le pire des cas, et nous nous attendons à ce que des améliorations supplémentaires permettent de réduire davantage le coût classique de la simulation. [...] Leur estimation de simulation classique de 10 000 ans repose sur l'observation selon laquelle le besoin en mémoire RAM de stocker le vecteur d'état complet dans une simulation de type Schrödinger serait prohibitif. Il est donc nécessaire de recourir à une simulation de Schrödinger-Feynman qui échange de l'espace pour du temps.

Big Blue continue : Lors de la comparaison avec le classique, ils se sont appuyés sur une simulation avancée qui exploite le parallélisme, des calculs rapides et sans erreur et une mémoire vive agrégée de grande taille, sans toutefois prendre en compte l'intégralité du stockage sur disque. En revanche, notre approche de simulation classique de style Schrödinger utilise à la fois la RAM et l’espace disque dur pour stocker et manipuler le vecteur d’état. Les techniques d'amélioration des performances utilisées par notre méthode de simulation incluent le partitionnement des circuits, le report de la contraction du tenseur, l'agrégation et le traitement séquentiel des portes, une orchestration minutieuse de la communication collective et des méthodes d'optimisation bien connues telles que le blocage en cache et la double mise en tampon [...].

Notre approche de simulation comporte un certain nombre de propriétés intéressantes qui ne sont pas directement transférées du monde classique au monde quantique.[...] Construire des systèmes quantiques est un exploit de la science et de l'ingénierie et leur comparaison est un défi de taille. L’expérience de Google est une excellente démonstration des progrès de l’informatique quantique basée sur la supraconductivité, montrant les taux de fidélité des portes sur un périphérique de 53 bits, mais ne doit pas être considérée comme une preuve que les ordinateurs quantiques sont 'suprêmes' par rapport à la technologie classique des ordinateurs.

Il n'échappe toutefois à personne que cet article, sans doute à juste titre, veut mettre en avant les atouts de sa technologie de simulation quantique d'IBM. La balle est dans le camp de Google. Il serait intéressant de savoir que ce Mountain Vien a à répondre à cette affirmation d'IBM : Mais plus fondamentalement, parce que les ordinateurs quantiques ne régneront jamais sur les ordinateurs classiques, ils travailleront plutôt de concert avec eux, car ils ont chacun leurs points forts.

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