Depuis ChatGPT, nous entendons toutes les prédictions sur l'emploi et notamment sur l'emploi dans la tech et l'IT en général. En juin dernier, la fondation Linux a publié le State of Tech Talent 2025. Pour les auteurs, l'impact de l'IA n'est aussi disruptif que le laisse entendre de nombreux médias et les supposés experts. L'IA fait émerger de nouvelles compétences, comme à chaque nouvelle vague technologique. "...l'IA ne remplace pas les individus : elle les transforme. Plutôt que de réduire leurs effectifs techniques, les organisations les développent. Nos données montrent un effet net croissant de l'adoption de l'IA sur l'embauche, passant de +18 % en 2024 à +23 % prévu en 2026. Selon Deloitte, 75 % des dirigeants technologiques adaptent désormais leurs stratégies de gestion des talents à l'IA, principalement par le biais de la formation continue, et non de licenciements." introduit le rapport.

Le rapport poursuit : "Cette évolution est rapide et la plupart des organisations ne sont pas prêtes. Le manque d'expertise interne en IA a été cité comme l'un des principaux obstacles à l'innovation dans notre enquête, notamment dans les domaines de l'IA/ML, du cloud et de la cybersécurité. Bain & Company fait écho à cet avertissement, qualifiant le déficit de talents en IA de « obstacle majeur à l'innovation »."

Le rapport met en avant que l'IA crée plus d'emploi qu'elle n'en détruit. "Malgré les hypothèses répandues selon lesquelles les capacités d'automatisation de l'IA réduisent la demande de main-d'œuvre et atténuent la pénurie de talents IT, notre étude révèle le contraire. Les données de notre enquête montrent que l'adoption de l'IA contribue davantage à la croissance qu'à la réduction des effectifs. Comme l'observe la figure 1, l'effet net projeté sur l'embauche reste positif jusqu'en 2026, passant de 18 % en 2024 à 23 % en 2026, ce qui indique un marché de l'emploi de plus en plus concurrentiel pour les talents techniques. L'effet net sur l'embauche est étonnamment constant d'une région à l'autre : +19 % aux États-Unis et au Canada, +16 % en Europe et +21 % en Asie-Pacifique. Il est également positif quelle que soit la taille des organisations et quel que soit leur secteur d'activité."

Les auteurs estiment que l'IA fait croître les besoins en développement par de nouveaux recrutements : +24 %. "Globalement, ces résultats remettent en question les idées reçues sur les suppressions d'emplois liées à l'IA, renforçant l'idée que l'adoption de l'IA complète plus souvent que ne remplace les fonctions techniques. Ce modèle de création d'emplois suite à l'automatisation a de nombreux précédents historiques, tant au sein qu'en dehors du secteur informatique. Avec l'introduction des distributeurs automatiques de billets dans le secteur bancaire, les caissiers sont devenus des chargés de clientèle, les banques ayant étendu leur réseau d'agences. De même, les tableurs ont transformé les comptables, passant du statut de simples calculateurs à celui de conseillers stratégiques." commente le rapport.

Ce sont des éléments globaux, nous trouvons diverses réalités et selon le déploiement réel de l'IA dans les entreprises. Aux entreprises d'avoir une vision claire de l'IA et comment elle impacte l'organisation, les métiers et son activité. Et là malheureusement, nous rencontrons des entreprises avec une planification précise et d'autres qui naviguent totalement à vue et pire, sans cohérence.

De nouvelles compétences et de nouveaux métiers

"L'émergence de nouveaux métiers axés sur l'IA illustre cette transformation, représentant une évolution significative des structures organisationnelles et des besoins en talents. Les entreprises créent des postes spécialisés pour gérer, mettre en œuvre et superviser l'intégration de l'IA dans l'ensemble de leurs opérations. L'ingénierie opérationnelle IA et ML est en tête de cette transformation avec un taux d'adoption de 64 %, suivie par les postes de chef de produit IA (36 %) et d'ingénieur assurance qualité IA (33 %). Cette diversification s'étend au-delà de la mise en œuvre technique et englobe d'autres aspects, avec une montée en puissance des spécialistes de la gouvernance IA (29 %), des ingénieurs prompteurs (26 %), des ingénieurs sécurité IA (20 %) et des responsables éthiques IA (16 %)." explique le rapport.

Nous pouvons le parallèle avec les tests logiciels, la sécurité ou le cloud computing. Si au départ, les profils dédiés apparaissent timidement, rapidement, de véritables profils (disons métiers) se détâchent. L'IA nécessite, au moins, durant une phase de mise en place, de mise en production, des profils dédiés parfois très technique. Attention : le prompt engineer n'a plus d'intérêt et disparait. Les entreprises ont un décalage important entre ce qu'elle croit et la réalité. L'évolution rapide vers les agents IA et les assistants IA faut disparaître le prompt engineer. Nous pourrions dire la même chose pour la sécurité qui pour nous se fondera dans les équipes sécurité.

De grands défis

Mais les freins à l'IA sont nombreux. le rapport met en avant plusieurs points critiques :

- les contraintes budgétaires : oui et non. Nous avons vu des entreprises et startup mobiliser toutes les ressources mais sans stratégie ni compréhension du marché et des enjeux, l'échec en sera d'autant plus frontal. L'IA nécessite des équipes et un budget à la hauteur des ambitions (ambitions définies et planifiées).

- sécurité : vaste débat avec des contraintes fortes (sécurité des données, RGPD, corruption de l'IA, etc.)

- manque de compétences

- complexité d'intégration dans le legacy et les apps / systèmes en production

- adaption d'une nouvelle technologie et conduite du changement 

Bref, peu de surprises.

Résumé :

Rapport complet : https://www.linuxfoundation.org/hubfs/Research%20Reports/LFTraining_Tech_Talent_Report_Global_2025_060525.pdf?hsLang=en