Les femmes et les métiers IT : à quand la parité ?

Par :
Soria Boucebaine

ven, 23/11/2012 - 11:26

Les femmes et l’informatique, c’est la rengaine du « je t’aime, moi non plus ». Blogs, réseaux et jeux sociaux, forums… elles sont de plus en plus nombreuses (voire même davantage que la gente masculine) à plébisciter l’utilisation de l’informatique dans la vie quotidienne mais elles sont pourtant une minorité (à peine 5% des effectifs dans les écoles d’informatique) à envisager une carrière dans ce secteur. Pourquoi un tel désamour ? Et comment promouvoir ces métiers pour palier à la carence de profils féminins qui font défaut aux SSII ? Par Soria Boucebaine, Responsable RH Ysance.

Ingénieur informaticien. Ce métier évoque, à tort, dans l’inconscient collectif beaucoup d’aprioris. Peut-être est-ce l’image d’un geek accro à la junkfood et aux jeux vidéo ou la vision d’une salle de serveur pleine de câbles et de machines qui freine les vocations ; quoiqu’il en soit les filles représentent tout juste 5% des effectifs des écoles d’informatique.

La faute aux stéréotypes ? Pas seulement. L’informatique et le numérique ne cessent d’évoluer, les métiers aussi. Pourtant, ils souffrent d’un manque de souplesse et d’adaptation à la source, dès l’apprentissage. Alors que généralement et par essence peu de filles sont attirées par la technique pure (développement), elles ont en revanche davantage d’intérêt pour le conseil (décisionnel notamment). D’ailleurs être développeur ou chef de projet AMOA n’est pas du tout le même métier. Et pourtant les formations sont les mêmes : l’apprentissage des techniques et langages de programmation pendant quatre ans dans une école d’ingénieur et une spécialisation possible seulement en cinquième année. De quoi rebuter bon nombre de bachelières !

Les écoles d’informatique ont là un grand effort d’attractivité à produire. Certes, les bases sont essentielles - ne serait-ce que pour être crédible auprès de ses collaborateurs et pour pouvoir manager une équipe – mais des programmes spécialisés pourraient être envisagés parallèlement, dès l’entrée, pour correspondre davantage aux nouvelles exigences du marché et à l’appétence de la gente féminine. Faire des formations plus orientées réseaux sociaux, par exemple, applications Smartphone ou développement mobile… C’est cela qui plaît aujourd’hui. Et c’est aussi ce qui marche …

C’est d’ailleurs de la consumérisation de l’informatique que découlera la parité. Entre 2008 et 2011, la croissance d’emploi des femmes dans le numérique a dépassé celle des hommes : + 20% contre 14% pour les hommes (Etude Orange Mutationnelles 2012).

Qui dit consumérisation dit démocratisation de l’informatique. Aujourd’hui, le digital est partout : e-business, e-commerce, e-marketing, … les nouveaux métiers du web deviennent bien plus attrayants. Sans oublier que les générations actuelles d’étudiants ou de jeunes actifs sont « nativement digitales » et donc largement plus sensibilisées aux métiers informatiques, sans distinction de sexe. De fait, les mentalités évoluent : être geek n’est plus une tare, ça devient « branché ». Certaines femmes ingénieures vont jusqu’à se mobiliser dans des associations pour promouvoir leur métier et valoriser leur qualification : « Girls in Tech », « Tu seras ingénieure ma fille »…

Et puis, qui dit démocratisation de l’informatique dit simplification des solutions et des logiciels professionnels. Un nouvel écosystème se crée davantage conçu pour séduire les femmes. Des outils faciles de prise en main, à l’interface simple et intuitive, voient le jour. C’est le cas par exemple de QlikView, outil d’analyse décisionnel, qui ne nécessite pas de savoir coder.

Pourtant, la parité est encore bien loin. Ecole comme SSII, chacune a son rôle à jouer pour attirer les profils féminins. Car les entreprises ont tout à gagner dans la mixité des équipes. Capitaliser sur l’ensemble des compétences et la complémentarité entre femmes et hommes s’avèrent être un formidable levier de compétitivité pour les entreprises. Les candidates aussi ont gros à gagner. A CV égal, elles ont beaucoup plus de chances qu’un homme de décrocher un poste à la sortie de l’école et leur profil est tellement recherché qu’elles peuvent prétendre à un salaire plus élevé, brisant ainsi les tabous des écarts de salaire homme/femme. Sans oublier que les métiers de l’informatique et du numérique se prêtent facilement au télétravail et se concilient donc bien avec une vie familiale.

Autant d’atouts qui, à l’heure où la génération Y est touchée de plein fouet par le chômage, devraient attirer bon nombre de vocations féminines…

Soria Boucebaine, Responsable RH Ysance

 

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